La Côte d’Ivoire met le cap sur la mobilité électrique : 10 % de véhicules verts d’ici 2030
- Team Alventis Automotive
- 26 mars
- 3 min de lecture

Dans les rues animées d’Abidjan, où motos pétaradantes et taxis orange se disputent l’espace, une révolution silencieuse se prépare. La Côte d’Ivoire, locomotive économique de l’Afrique de l’Ouest, s’est fixé un objectif audacieux : d’ici 2030, 10 % de son parc automobile – soit environ 160 000 véhicules – rouleront à l’électricité. Une ambition qui mêle impératifs climatiques, innovation technologique et défis colossaux, dans un pays où les véhicules électriques (VE) restent encore une rareté.
Une urgence écologique dans un pays en pleine croissance
Avec ses 26 millions d’habitants et une urbanisation galopante, la Côte d’Ivoire voit son parc automobile enfler à vue d’œil. En 2023, il comptait 1,5 million de véhicules, un chiffre qui devrait grimpé à environ 1,6 million en 2025 selon les tendances. Mais cette expansion a un coût environnemental : le secteur des transports, responsable de 30 % des émissions de CO2 en 2020, pèse lourd dans la balance climatique. Face à une croissance économique robuste – 6,5 % du PIB en 2023 selon la Banque mondiale – et à une dépendance persistante aux combustibles fossiles, le gouvernement ivoirien veut changer la donne.
« Nous ne pouvons plus ignorer l’impact de nos choix de mobilité », déclarait récemment un haut responsable du ministère des Transports. L’objectif ? Réduire l’empreinte carbone, diversifier les sources d’énergie et s’aligner sur les engagements climatiques mondiaux, comme la réduction de 30,41 % des émissions d’ici 2030 promise à la COP 21.
Des bornes de recharge aux subventions : un plan en marche
Pour transformer cette vision en réalité, le gouvernement déploie un arsenal de mesures. D’ici 2030, 1 500 bornes de recharge devraient parsemer les grandes villes et les axes routiers principaux. Un défi titanesque, mais les premiers pas sont encourageants : en 2023, la startup locale EVTech annonçait le déploiement de 500 stations d’ici la fin de l’année, avec déjà une dizaine de points opérationnels à Abidjan, selon "La Tribune Afrique". « On veut rendre la mobilité électrique pratique et accessible », expliquait alors son PDG.
Côté portefeuille, des incitations fiscales sont dans les tuyaux : réductions sur les taxes d’importation et subventions pour les acheteurs. Car le prix reste un frein majeur : en 2023, un VE coûtait en moyenne 20 000 dollars, contre 10 000 pour une voiture à essence. À cela s’ajoutent des partenariats avec des géants comme TotalEnergies ou EDF-CI, et des campagnes pour convaincre les Ivoiriens des avantages d’un moteur qui ne rugit pas.
Une route semée d’embûches
Mais la transition ne se fera pas sans heurts. En 2023, sur 1,5 million de véhicules, moins de 1 000 étaient électriques – une goutte d’eau. En 2025, ce chiffre a sans doute légèrement augmenté, mais reste marginal. Le réseau électrique, avec ses 2 000 MW de capacité en 2022, doit suivre la cadence. Le pays ambitionne une électrification totale d’ici fin 2025, mais la demande croissante exige des investissements massifs, notamment dans les énergies renouvelables. Une lueur d’espoir ? Une centrale à biomasse, alimentée par des palmiers à huile, est prévue pour 2025, rapporte "Le Monde".
Autre écueil : le coût des VE, prohibitif pour beaucoup. « À 20 000 dollars, c’est un rêve hors de portée », confie Koffi Yao, chauffeur de taxi à Yopougon. Sans en plus un réseau de recharge dense et abordable, l’adoption risque de patiner.
Les promesses d’un avenir électrique
Pourtant, les bénéfices sont incontestables. Moins de dépendance au pétrole importé, des coûts d’entretien divisés par deux – grâce à l’électricité bon marché – et un air plus respirable dans les métropoles saturées. « Avec un VE, je pourrais économiser 50 % sur mes frais quotidiens », calcule Aminata Koné, commerçante à Cocody. À plus grande échelle, cette transition pourrait aussi doper l’emploi : l’Organisation internationale du travail prédit 24 millions de jobs verts dans le monde d’ici 2030.
Des initiatives internationales, comme le soutien de l’UNEP pour des bus électriques et des solutions légères, renforcent l’élan. Et la Côte d’Ivoire n’est pas seule : des pionniers comme EVTech, qui a importé le premier Tesla Model S en 2021, montrent la voie.Le Ministère des Trasnports, appuyé par le FDRT (Fonds de Développement du Transport Routier), sont à la manoeuvre pour le déploiement d'une usine de production de minibus électriques. Une étude de faisabilité confiée à ALVENTIS Automotive est en cours et devrait étre livrée d'ici juin prochain.
Vers un leadership régional ?
À mi-parcours entre 2025 et 2030, la Côte d’Ivoire est à la croisée des chemins. Réussir ce pari, c’est non seulement verdir son parc automobile, mais aussi s’imposer comme un modèle en Afrique. « Si on y arrive, on prouvera que développement et durabilité vont de pair », souffle un expert du secteur. Les moteurs électriques bourdonnent déjà timidement dans les rues d’Abidjan. Reste à savoir s’ils deviendront le bruit de fond d’un avenir plus vert.
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